Qu’on se le dise : je n’ai jamais suivi ni même lu je crois un seul texte de Garance Doré ou autres blogueuses dites « influentes ». Pourtant, un jour de 2015 – probablement le 1er mai où il a dû sortir et circuler sur la toile – ce texte m’est tombée dessus, au sens propre.
Ses premières lignes ont retenu mon attention, alors je l’ai lu. Et tout ce que j’y ai lu m’a parlé, alors que j’étais encore (relativement) loin du cap fatidique des 40 ans. Du coup, je l’ai « remisé par devers moi » comme j’aime dire, quelque part sur mon disque dur du moment (depuis lors, j’ai dû en écluser une petite dizaine), en me disant que j’y reviendrais plus tard.
Et puis plus tard, le 12 septembre 2017, j’ai eu 40 ans… à vrai dire c’était il y a deux semaines, donc pas si longtemps après le 1er mai 2015.
En vrai, ça me faisait un peu peur cette date-là – comme à tout le monde, j’imagine. Pourtant, le jour de mes 30 ans était passé comme une lettre à la Poste et pour celui de mes 35 ans, j’avais presque le souvenir d’être en lévitation tellement je me sentais bien dans ma vie.
Mais depuis quelques mois, mon niveau de lévitation était plutôt passé en mode rase-motte voire au niveau sous-terrain. Je ressentais que j’étais de nouveau habitée d’ondes négatives que je n’arrivais pas à éjecter (saleté de cercle vicieux… mais j’y reviendrais dans mon prochain post sur la gratitude). Quant à la fameuse petite étoile au-dessus de ma tête avec laquelle je vous bassine depuis que j’ai ouvert ce blog… et beh j’avais tout simplement l’impression quelle s’était fait la malle, cette petite coquinette.
J’ai pensé que c’était peut-être ça, la fameuse “crise de la quarantaine”. Mais je me suis vite dit que ça ne pouvait pas être aussi grossier que ça. Pourtant, pour la première fois de ma vie, je n’avais pas vraiment envie d’organiser une fête pour mon anniversaire… et ça en dit long. Pire, j’avais envie de le fêter loin de tous (ou presque).
Et là, je me suis dit que je filais un mauvais coton et qu’il était temps de réagir… je vous rappelle tout de même que mon gros motto dans la vie c’est : « Si tu n’aimes pas les circonstances… eh bien, change les circonstances » (cf mon post Do you want to be happy?) !!! Ou du moins, si tu ne te sens pas bien dans les circonstances du moment, donne-toi la chance de faire un petit pas de côté qui te permet de ramener de la joie et / ou d’envisager les choses sous un angle un peu différent au lieu de tourner comme un hamster dans ta cage.
Du coup, j’ai négocié avec ma boss de passer une grosse semaine à Paris au retour d’un salon professionnel à New York, juste avant mon anniversaire. Et j’y ai passé une semaine exceptionnelle, tout simplement à voir mes amis et ma famille. Pour la première fois, j’ai réalisé à quel point ils me manquaient et faisaient partie de moi. Et à quel point construire sa vie à l’étranger présente des avantages certains mais aussi cet inconvénient majeur d’être coupée de ceux qu’on aime le plus.
J’ai beau être un animal social et me lier facilement, il y a une grosse différence culturelle entre ceux que je vois ici et ceux de ma vie d’avant. Ca ne veut pas dire que c’est moins bien et que cette nouvelle vie ne me convient pas, cela veut juste dire qu’il faut que je me fasse quelques piqures par an où je vais « sniffer » ceux qui me sont chers, tout simplement parce que ça fait du bien et que j’en ai besoin.
En bref, je suis revenue regonflée à bloc et bourrée d’énergies positives. Et j’ai passé une semaine pour mes 40 ans absolument magique, en compagnie notamment de mon amoureux et de ma grande et unique amie Sandrine, venue pour l’occasion de France me retrouver dans ma savane africaine… énorme cadeau qu’elle m’a fait !!!
ENFIN BREF, l’objectif de cet article n’était pas de vous gaver avec mes sentiments et les détails de ma semaine d’anniversaire mais de partager ce texte que j’aurais pu écrire (même si je ne l’aurais évidemment jamais aussi bien écrit), dans le sens où absolument tout raisonne en moi.
Je trouve cette lettre tellement juste et drôle, pleine d’amour, de générosité et de pudeur… alors place à Garance Doré pour parler de nos 20 ans et surtout de nos 40 ans. Et promis les amis, je vous donne RDV très prochainement, bien avant 60 ans haha !
Lettre à mes 20 ans (Copyright Garance DORE).
Un jour ma chérie, tu auras 40 ans.
Ce sera le 1er mai de l’année 2015, une date si lointaine qu’elle est presque irréelle pour toi, non ?
Ce jour-là, tu te souviendras que ta mère t’avait dit que le jour de ses quarante ans, elle s’était assise sur son lit et avait pleuré, pendant des heures. Pleuré, pas de tristesse, mais d’intensité.
Toi, tes quarante ans, tu les auras vus venir de loin. Toi, l’éternelle adolescente, aussi solidement ancrée dans la réalité que complètement nomade, jamais vraiment fixée, jamais vraiment satisfaite et éternellement curieuse, tu auras vécu tes 38 ans comme un choc.
C’est le moment où tu auras enfin réalisé ce qui t’arrivait.
La vie, ta vie était là ! Pas dans le futur comme tu l’avais toujours imaginée, te préparant pour “plus tard”. Mais là. Dans le présent. Tout ce que tu fais aujourd’hui, chaque minute, c’est ta vie.
Ce baiser que tu donnes, cet endroit où tu vis, ce travail que tu fais, c’est ta vie.
Ce réajustement dans le présent, tu l’auras eu bien tard, mais il finira de te libérer de tes angoisses. Après ça, finalement pour toi, avoir 40 ans, ce sera un cadeau.
Déjà, parce que ma chérie, tu es vivante.
Ça a l’air con dit comme ça, hein ? À 20 ans on ne pense jamais à ça et c’est tant mieux. Mais d’ici-là, tu te seras forgé une idée de la vie. Tu auras vu le monde perdre des gens merveilleux beaucoup trop tôt. Et tu envisageras le fait de vieillir comme étant un sacré privilège.
Tu verras, ce sera cool d’avoir 40 ans…
Déjà, quand tu annonceras que tu as 40 ans, les gens te dévisageront et s’exclameront “Mais… Tu ne les fais pas du tout!!!” tu ne pourras pas t’empêcher de rougir – tu seras toujours aussi sensible à la flatterie à 40 ans, au cas où tu te posais la question, mais tu répondras avec un grand sourire, parce que tu le penses vraiment :
“Non, ce n’est pas que je ne les fais pas, c’est plutôt parce que c’est ça, d’avoir 40 ans aujourd’hui !”
À 40 ans, tu seras toujours en train d’échafauder des théories sur la vie. Accepte-le tout de suite, parce que ça ne va pas s’arrêter. Tu auras eu quelques théories fumeuses, mais j’aime bien la théorie que tu auras sur le vieillissement physique.
Tu ne l’envisageras pas du tout comme une défaite, mais plutôt comme une chance de vraiment apprendre à prendre soin de toi.
Aujourd’hui, tu as 20 ans, ton corps absorbe tous tes excès sans broncher (Pas besoin de prendre cet air innocent, la vérité, c’est que tu n’auras pas tant changé à 40 ans,au/ niveau excès. Enfin si, mais non, enfin tu verras bien, gardons un peu de mystère, bordel, quand même !) mais à 40 ans, tu verras et ressentiras immédiatement ce qui te fait du bien.
Est-ce parce que tu te connaitras mieux ou parce que ton corps deviendra plus sensible ?
Certainement un peu des deux. Utilise ça comme un guide pour rester bien.
À 40 ans, tu auras des amis de tous les âges, et ils t’apporteront autant que tu leur apporteras. Tu te demanderas souvent comment tes amies de 20 ans peuvent être aussi mûres, vu que toi ça t’aura pris 40 ans pour en arriver là, mais ce seront de belles amitiés équilibrées. Vous vous aiderez, vous vous conseillerez, vous rigolerez comme des connes.
Une fille bien, c’est une fille bien. Qu’elle ait 5 ans ou 95 ans, on a envie de l’avoir dans sa vie.
Tu auras plein de filles bien autour de toi.
À 40 ans, tu seras quelqu’un qu’on écoute. Bizarre, non ? Tu sauras parfaitement que là est ton vrai trésor. Des gens qui te lisent. Beaucoup de femmes, comme des soeurs, des meilleures amies qui te donneront cette chance, celle d’être écoutée. Et qui te répondront. Qui seront merveilleuses de générosité, et dures aussi parfois.
Et qui au fond, seront comme toi.
Ce qui est drôle, c’est qu’il y aura quelques personnes pour qui tu seras une espèce de mentor. Je sais, ça te semble ridicule, vu que pour le moment tu n’arrives même pas à trouver ton chemin pour l’amphi B et que tu te demandes ce qui t’a pris de t’inscrire dans cette fac de lettres de merde, mais un jour, tes conseils seront recherchés. Tu les donneras avec un immense plaisir – tu essayeras d’être pour les autres ce que certains, guides accidentels ou voulus, ont été dans ta vie.
Et tu sauras qu’il est important de dire que tu as 40 ans et que tu as envie de le célébrer, et que tu es fière, et que l’âge n’est certainement pas quelque chose que l’on doit cacher, encore moins nous, les femmes.
En 2015, c’est dur à croire, mais nous aurons encore tellement de terrains à conquérir. L’un d’entre eux est le droit de vieillir en paix.
Ma chère moi de 20 ans, je te connais tellement bien, voici maintenant la chose la plus importante que je veux te dire. Ce que je veux, c’est t’envoyer un peu de perspective.
Nan mais sérieux, arrête de flipper.
La vérité, c’est que tout ce que tu redoutes va t’arriver.
Tu vas être pauvre. Tu vas être quittée. Tu vas perdre quelqu’un que tu aimais. Tu vas être ridicule. Tu vas te planter. Oh que oui tu vas te planter ! Tu vas te planter tellement de fois !!! Parfois, tu te sentiras complètement perdue.
Mais quoi qu’il t’arrive, tu t’auras, toi.
Ton sens de l’humour, tes théories fumeuses, ton amour de la vie, ta curiosité des autres. Ta vision du monde, toujours en évolution : intacts.
Tu te rendras compte au moment où tu croyais tomber et te briser au sol que des bras bienveillants seront là pour te rattraper, et que ce soutien vienne de proches ou d’inconnus, ils seront là. Apprends à les voir et à te donner à ces bras bienveillants.
Apprends à te donner aux bras bienveillants. Apprends à voir la magie de l’existence.
Apprends à suivre tous ces fils invisibles que tu tisseras juste en étant toi, en continuant d’avancer toujours vers plus de lumière, d’acceptation et de vérité.
Il faut que tu saches aussi que tu seras aimée, et tu auras des succès. Et qu’avoir connu des moments difficiles te protègera de la peur. Arrête d’angoisser. Tu vas voir le monde, et rencontrer des gens, et apprendre à les aimer. Apprendre la tendresse. Envers les autres, et envers toi-même.
Tu n’auras plus si peur. N’aie pas si peur, ma chérie.
Et ne t’inquiète pas, toi qui n’aimes rien de plus que le plaisir. Tu t’amuseras encore tout autant à 40 ans qu’à 20 ans, voire plus. La vie ne deviendra pas cette chose grise, sérieuse et pleine de responsabilités que tu imagines.
La vie ne sera rien de ce que tu pourrais imaginer. Alors arrête de te prendre la tête et va, découvre !
Plus tu avanceras, plus ta vie prendra des couleurs plus riches, plus vives, plus profondes. Tu ne regretteras pas une seconde les conneries que tu as faites. Tu seras toujours là, la même, avec le même appétit, la même soif, à rêver à tes nouvelle aventures. Et il n’y aura pas une seconde à perdre à se lamenter sur son sort. Arrête de te lamenter sur ton sort, tu es chiante.
Travaille à devenir une bonne personne, et espère qu’un jour quand tu seras toute vieille et ridée, tu pourras regarder en arrière et dire que tu as apporté un peu de lumière autour de toi.
Pose cette lettre, attrape tes clés et file découvrir le monde.
Tout ira bien, ma petite chérie. Tout ira bien.
Peut-être que le jour de tes 40 ans, tu t’assiéras sur ton lit et que tu pleureras, toi aussi. Mais j’ai bien l’impression que ce sera de joie, de gratitude, et d’un amour immense pour la vie.
7 réponses
Merci pour l’inspiration Raph! Joyeux anniversaire + a tres bientot, on espere.
Merveilleux texte merci Ma chérie et très bel anniversaire à toi
Moi jen ai 44 et j’en suis fière hi hi
Happy happy days à toi ma Raf! une ribambelle…
A parcourir notre belle ptite planète bien crazy et à semer tes sourires déments entre Paris et le Malawi
des gros bisous
à très vite!!!
Merci Raph pr cette belle lettre et ton texte très touchant ! We miss u here ????????????????
RAph merci pour ce chouette billet ! je crois que je t’ai déjà souhaité ton anniv mais je peux à nouveau te souhaite une sale décennie pauvres de rencontres, sans aucune audace, ni découvertes, une décennie de routine routinière…évidemment cela ne te ressemblerait pas je ne sais pas quoi te souhaiter si ce n’est tout simplement de continuer à vivre ton rêve libre amoureux et heureuse, une décennie à savourer tes nouvelles rencontres et à apprécier les vieilles connaissances ! J’ai eu un débrief via Sandrine de votre périple anniversaire unique et fantastique! bravo et au plaisir de te revoir quand tu repasses par ici! avant d’aller te voir là bas!
Hello ma Raph, in enoooorrrme bisous d’anniversaire ma louloutte. 40 is the new 30 anyway 😉
J’ai ete tres emue par ton mot, qui, comme tu l’imagines, me parle aussi beaucoup a moi qui vit a l’etranger. Oui, partir ce n’est pas couper les ponts et reconstruire a partir de rien. Il faut cherir nos liens parisiens, si important quand on habite a l’autre bout de la terre. On vit plusieurs vies ;
A tres vite par tel
Gros baisers ma Raph et plein de belles choses pour les 40 prochaines. J’ai raté ton passage en septembre je ne raterai pas le prochain. Et à quel point ton texte m’inspire pour le même cap que je passe dans 3 mois… full love, Fanny