Les jolies rencontres de la vie
Fin juin, juste avant de partir en Zambie, j’ai eu la chance d’être invitée à un événement très chouette pour un long week-end en-dehors de Paris, à Avallon plus exactement. Si vous ne connaissez pas cette charmante ville, je ne peux que vous recommander d’aller y faire un tour, c’est une merveille à deux heures et demi de Paris.
Plus de 150 personnes étaient présentes, venues de tous horizons professionnels et de partout dans le monde pour participer à cette édition annuelle du Kinnernet Europe, une sorte de séminaire informel, un « festival de l’Imagination », une « unconference » dont le principe est qu’il n’y a pas de programme établi et l’idée sous-jacente est d’imaginer ensemble des futurs désirables. Dans un esprit de partage et de collaboration, chaque personne est invitée à animer une ou plusieurs session, atelier interactif, lecture ou discussion sur le sujet de son choix.
Cela peut aller de la reproduction des bonobos aux avancées de la chirurgie grâce aux imprimantes 3D en passant par des sujets sur l’innovation, Internet, le hack, l’art et la culture. Le tout entrecoupé de sessions sportives, festives ou créatives, dont le point d’orgue est la soirée musicale dans la superbe église d’Avallon, où se produisent chanteurs et musiciens amateurs avertis ou professionnels faisant partie des participants.
En bref, une belle parenthèse de quatre jours, où l’on ouvre la réflexion et les chakras et l’on rencontre plein de personnes sympa et intéressantes. Parmi celles-ci, Cécilia, brindille brune pétillante d’énergie et d’humour, aux cheveux bouclés et à la voix étonnamment grave.
Cécilia a vécu au Brésil des années et c’est assez naturellement que nous nous sommes retrouvées à papoter un soir en brésilien dans la cuisine, même si elle parle mille fois mieux que moi. Elle m’a gentiment ramenée à Paris en voiture le lendemain. C’est alors que j’ai appris qu’elle était rédactrice en chef du MadameFigaro.fr et que je lui ai parlé de mes projets pour la suite, mon départ en Afrique avec un aller simple dix jours plus tard pour tourner un film en Zambie puis chercher des opportunités professionnelles sur place, au gré du vent.
Un message in extremis à l’aéroport de Lilongwe
1er octobre. Je suis à la porte d’embarquement à l’aéroport de Lilongwe. Je m’apprête à quitter le Malawi et prendre le premier des six vols qui doit me permettre de rejoindre le bateau de mes amis Luc et Julie et leurs enfants, avec qui je vais naviguer pendant deux mois vers la Papouasie indonésienne. Juste avant d’embarquer, je reçois un petit message Facebook de Cécilia : « Nous préparons pour le Madame Figaro un sujet sur les femmes qui quittent leur carrière pour vivre l’aventure lors d’un congé sabbatique. J’ai pensé à toi, est-ce que je peux dire à ma journaliste de te contacter ? ». Mais évidemment, avec grand plaisir ! Même si je ne suis pas partie stricto sensu en congé sabbatique, puisque je suis partie pour une durée indéterminée et plutôt pour tenter de nouvelles aventures professionnellement parlant.
J’avais trois jours de voyage devant moi avant d’arriver à l’aéroport de Baubau en Sulawesi. J’ai donc eu largement le temps de répondre aux différentes questions qu’Arièle, la journaliste responsable de l’article, m’avait entre temps envoyées par mail, la conversation téléphonique étant un poil compliquée à organiser dans ces conditions. Comme je ne sais pas faire concis, je lui ai envoyé une tartine en relatant les événements par le menu, me disant qu’elle garderait ce qui l’intéresserait.
A peine arrivée sur le bateau, je reçois un mail enthousiaste de réponse : « Merci pour votre témoignage passionnant. Vous venez de gagner une nouvelle lectrice pour votre blog ». Elle me demande également d’envoyer quelques photos pour illustrer mon périple en mode carnet de voyage. Mission difficile puisque nous étions déjà entrain de naviguer entre la Sulawesi et la Papouasie. Mais les surprises d’Internet sont infinies et dans une île perdue nous avons réussi à capter assez de réseau depuis l’antenne du village le plus proche pour envoyer quelques clichés basse définition.
Quelques jours plus tard, nouveau captage Internet. Je constate que le visitorat sur mon blog est anormalement élevé, j’en déduis que l’article à dû être publié en ligne. Ce qui m’est confirmé par un mail de la journaliste m’envoyant le lien… et celui d’un ami me disant qu’il est tombé sur ma bouille en feuilletant le journal chez le coiffeur (véridique !).
Bref, voici l’article sur le site du Madame Figaro si vous souhaitez le lire. Ca me fait bien plaisir d’ailleurs, car une des autres interviewées est Adeline du blog Voyagesetc, une fille que je suis depuis un certain temps et dont le style me fait souvent bien rigoler. Je me dit régulièrement que si on se croisait un jour, on s’entendrait certainement comme larrons en foire.
La genèse de ce voyage et mes attentes
L’article ne m’est évidemment pas consacré… du coup je me suis dit que tant qu’à avoir pris le temps de répondre à ces questions, j’avais envie de partager avec vous l’intégralité de mes réponses. J’ai déjà relaté par bribes à différents endroits de ce blog les raisons qui m’ont conduites à ce voyage et ce changement d’orientation professionnelle. Mais je ne crois pas avoir raconté par le menu le processus qui m’a peu à peu amenée à cette aventure géniale, avec la conviction chevillée au corps que c’était comme ça que je m’épanouirais et tracerais ma route.
Or je me dis que partager ses doutes et ses certitudes, c’est le seul moyen honnête de partager vraiment. Et pourquoi pas, de générer une forme de résonance chez ceux ou celles qui passeraient par le même genre de questionnements.
MADAME FIGARO – D’abord, pouvez-vous me resituer votre année sabbatique. Elle s’étale sur quelle période ? Êtes-vous partie seule ? Où ça ? Quel poste occupiez-vous avant ?
Je vais un peu mélanger les questions dans cette réponse, car mon année sabbatique (qui n’est pas à proprement parler une année sabbatique) s’est organisée en plusieurs temps.
J’ai d’abord travaillé pendant 7 ans en marketing et stratégie dans la distribution, chez PPR (aujourd’hui Kering) en France et à l’étranger. Puis j’ai co-dirigé pendant 6 ans une PME dans l’univers de l’entrepreneuriat social entre la France et le Brésil. Plus précisément, j’étais responsable du développement marketing & commercial et de la communication de Tudo Bom, une marque de PAP qui fabriquait au Brésil des vêtements colorés en coton bio et équitable, vendus en France & Europe.
Pour diverses raisons, nous avons décidé de mettre un terme à notre activité en juillet 2014. Ca a été un moment difficile évidemment, je m’étais beaucoup impliquée dans le développement de cette entreprise éthique et solidaire, c’était un projet et une aventure humaine formidables, avec des équipes extra. Je sentais que j’avais besoin de prendre un peu de temps avant de me relancer dans une autre aventure professionnelle, de réfléchir à ce que je voulais vraiment pour la suite.
La seule certitude que j’avais à ce moment-là était que je ne voulais pas repartir dans un grand groupe ou dans une voie « classique ». Je réalisais aussi que j’avais une forme de liberté que beaucoup de personnes à mon âge n’ont plus (ou plutôt, pensent ne plus avoir). Finalement, j’avais déjà pris la décision la plus difficile 6 ans plus tôt, en choisissant l’entrepreneuriat social et en divisant mon salaire par trois au lieu de suivre les carrières de la majorité de mes copains d’école de commerce.
J’ai eu à ce moment-là l’opportunité de rejoindre un couple d’amis et leurs 2 enfants qui vivent en bateau et s’apprêtaient à traverser le Pacifique. Un “marin” supplémentaire lors d’une longue traversée est toujours le bienvenu, et ça s’est imposé comme une évidence pour moi : il fallait que je fasse cette traversée sur leur voilier Bulle, alors même que je n’avais jamais fait plus d’une journée ou une nuit de navigation sur un bateau !
Je les ai rejoint au Panama et passé près de 3 mois à bord. Nous avons franchi le canal du Panama, fait escale aux Galapagos puis traversé le Pacifique sans voir la terre pendant 3 semaines avant d’atteindre les îles Marquises en Polynésie Française. C’est un archipel d’une beauté époustouflante, dont les habitants et la culture sont extraordinaires. A peine arrivée, je n’ai eu qu’une envie : en savoir plus et raconter. J’avais des envies de reportage, de documentaires sur la manière si touchante dont ils sont entrain de se réapproprier leur culture perdue au fil du temps.
Je devais normalement repartir des Marquises pour aller travailler avec un ami d’ami sur la Coupe du Monde au Brésil l’été dernier. Il me proposait de travailler avec lui jusqu’aux JO 2016… Mais pendant la traversée (j’empiète sur votre question suivante) et moins de deux jours après l’arrivée aux Marquises, j’ai réalisé que ce n’était pas du tout ça dont j’avais envie. Même s’il s’agissait là encore d’une PME et d’une aventure entrepreneuriale, ce n’était définitivement plus ce que j’imaginais comme avenir.
C’est réellement pendant la traversée qu’un déclic s’est produit. Même si je ne savais pas encore comment, je sentais que j’avais envie / besoin d’exprimer des choses plus personnelles et plus créatives, liées au voyage, à la découverte, à la rencontre. J’ai donc décidé de ne pas partir au Brésil. Je suis restée un peu plus longtemps en Polynésie pour découvrir cette culture extraordinaire et ces gens d’une immense bienveillance. Puis je suis rentrée en France en septembre dernier, avec l’idée de trouver une autre voie professionnelle, ma voie, même si elle était loin d’être claire encore. Comme je l’ai beaucoup dit pendant un an : « Je ne sais pas où je vais… mais j’y vais ».
Je me suis mise dans un espace de coworking à Paris, j’ai posé sur le papier plein d’idées et de projets possibles (la plupart farfelus, mais tous impliquaient le voyage et le récit écrit et visuel) et fait quelques missions de conseil entre temps pour vivre.
Pendant ce temps, j’ai suivi un certain nombre de formations en cours du soir via la Mairie de Paris dans des domaines qui m’intéressaient (vidéo documentaire, montage vidéo, reportage photo). Et je me suis inscrite un semestre aux Beaux-Arts en cours pour adulte (j’ai toujours rêvé de faire des carnets de voyage illustrés mais n’ai jamais dessiné de ma vie).
Concrètement, je ne savais toujours pas où j’allais exactement, mais j’avais la certitude que je m’étais engagée dans la bonne direction. J’ai tout de même traversé un petit moment de passage à vide quand au bout de plusieurs mois rien ne semblait s’éclaircir encore. Des tonnes d’envies et d’idées, mais je n’avais toujours rien lancé précisément, alors que j’ai toujours été orientée vers l’action. La pression des proches – qui commencent eux aussi à se poser des questions – peut se révéler difficile à gérer dans ces moments-là.
Pour me rassurer sur le fait que je n’étais pas totalement entrain de faire fausse route, je suis retournée voir une fois la coach professionnelle que j’avais vue pour quelques RDV avant de partir sur le Pacifique, où je voulais faire un point sur mes compétences et mes envies alors que nous étions entrain de fermer Tudo Bom. Lors de cette discussion, j’ai compris que je n’avais pas un baobab entrain de me pousser dans la main, mais que ça ne servait à rien de passer à l’action pour passer à l’action, ni de vouloir presser les choses tant que je n’étais pas convaincue de m’engager sur le bon chemin.
En attendant – pour faire quelque chose de concret et parce que j’y étais encouragée par plusieurs personnes autour de moi et des gens rencontrés en voyage qui m’avaient dit qu’ils aimeraient suivre mes aventures – j’ai ouvert mon blog en avril 2015 (Wanderfull), en pensant que ce serait de toute façon une vitrine possible pour mes aventures précédentes et à venir, des récits, des photos etc.
C’est à l’approche de l’été 2015 (en avril ou en mai) que j’ai senti qu’il était temps de partir. Pour un temps indéterminé. Pas pour faire un voyage ou du tourisme, mais avec l’idée de trouver en cours de route des projets / missions qui me permettraient de me professionnaliser sur les métiers qui m’intéressent (vidéo, photo etc) tout en faisant ce que j’aime le plus au monde : voyager, découvrir, rencontrer, raconter.
J’ai donc cherché (et trouvé) une première mission qui serait le point de départ de ce voyage. J’ai pris un billet aller simple et suis arrivée en Zambie en solo le 6 juillet 2015, sans savoir – volontairement – quelle serait la suite du voyage ni pour combien de temps.
Je ne rentre donc peut-être pas dans les cases d’une histoire “classique” d’année sabbatique. Mais j’espère que mon histoire vous intéressera tout de même.
MADAME FIGARO – Entrons dans le vif du sujet. Je voulais vous demander dans un premier temps comment vous en étiez arrivée à prendre une année sabbatique et à vous lancer dans une aventure personnelle ? Puis dans un second temps quel regard vous portez sur cette expérience, aujourd’hui, même si, si j’ai bien compris, elle est en cours de réalisation !
Vous souvenez vous précisément quand l’idée d’une année sabbatique a germé dans votre esprit, à quelle(s) occasion(s) et quels étaient, selon vous, vos besoins de quitter votre travail ?
J’ai toujours énormément voyagé et adoré ça. J’ai fait mon premier long voyage sac au dos à 20 ans en Amérique du Sud, puis un autre de 8 mois en Asie du SE à 25 ans. Chaque année depuis que je travaille, je m’organisais pour faire au moins un long voyage, au début avec d’autres amis puis peu à peu en solo, car cela me permettait d’être beaucoup plus perméable, plus réceptive et surtout plus facilement accessible aux habitants. Et j’avais l’impression que ça me nourrissait.
Chaque année, j’allais dans des pays ou régions de moins en moins touristiques. Mes amis rigolaient à chaque fois à l’annonce de ma prochaine destination en me demandant comment je faisais pour toujours trouver un pays dont ils n’ont jamais entendu parler et ne savent pas situer sur une carte.
Lors de ces voyages, je rédigeais des kilomètres de carnets de voyage (juste pour moi), afin de coucher sur le papier les impressions, rencontres, informations reçues etc. Je faisais aussi beaucoup de photos et envoyais quelques longs emails à ceux que je connaissais pour leur raconter mes périples. Beaucoup de personnes me disaient qu’il faudrait vraiment que j’en fasse un jour quelque chose, car ma manière de raconter et le regard que je portais sur les pays et les personnes que je rencontrais les transportait vraiment là-bas, les intéressait et les enrichissait.
Chaque année je rentrais au boulot en me demandant pourquoi je rentrais, ressentant une forme de vacuité au retour. En même temps, la « vie normale », celle pour laquelle on m’a éduquée, ce n’est pas de « vagabonder ». Donc je repartais au travail et m’efforçais de faire taire cette petite voie intérieure qui me disait qu’il y avait plein d’autres choses possibles.
On peut donc dire que tout cela couvait depuis longtemps. Mais c’est lors de la traversée du Pacifique à la voile que ça s’est imposé à moi avec une absolue clarté. En bateau, on croise beaucoup de gens qui ont choisi des modes de vie différents. Et surtout, c’est un moment privilégié pour reconnecter avec l’essentiel : ses émotions, ses sensations et le monde qui nous entoure.
Ne s’est pas imposée alors l’idée de quitter mon travail (puisque je venais d’en terminer un)… mais plutôt l’idée de ne pas en retrouver un coûte que coûte, de ne pas sauter sur les opportunités qui s’offraient à moi (j’ai refusé un boulot à Shanghai avant de partir puis décidé pendant la traversée de ne pas prendre le travail au Brésil qu’on me proposait).
En rentrant en France, je me suis dit que plutôt que de trouver un pseudo-job de mes rêves, il était temps d’essayer de faire de mes rêves un job. Cela dit, une fois qu’on a dit ça, ce n’est encore que le début du chemin… et c’est sur ce chemin que j’ai l’impression de m’être engagée en partant en juillet dernier.
Mon objectif en suivant ce chemin est d’écouter ma petite voie intérieure qui me dit depuis longtemps d’aller vers des choses plus personnelles, plus variées, d’oser suivre mon instinct, m’écouter et me faire confiance, m’inventer. Cela vient aussi sûrement d’une envie profonde d’aller vers plus de sérénité et d’équilibre intérieur, pour arrêter d’être en conflit permanent entre ce que je fais et ce que je voudrais faire.
Nous vivons dans une société stressante et anxiogène. D’une certaine manière – et même si ça peut paraître un peu pompeux de dire ça – je crois qu’en fait j’ai décidé d’aller résolument vers ce qui me fait du bien, me permet de me réaliser, de connecter avec moi-même mais surtout avec les autres et le monde qui m’entoure.
C’est aussi ce que j’ai eu envie de faire avec mon blog : cultiver un endroit où partager et diffuser de la bonne humeur, des histoires et des énergies positives. Créer une sorte de « feel-good place » où l’on peut passer 5 min, 10 min ou 1 heure et s’évader un peu en lisant des récits de voyages ou en écoutant de belles histoires d’Hommes.
Ce qui m’intéresse (entre autres), c’est d’aller à la rencontre de l’autre – ici ou ailleurs – de repérer, capter et transmettre ce qui se passe dans le monde et ces énergies positives. De comprendre comment et pourquoi des gens se mettent en mouvement, ce qui les fait avancer, comment ils conservent et cultivent leur petite flamme intérieure. Et puis de raconter ce que je découvre et ce que je perçois quand je suis moi-même en mouvement.
MADAME FIGARO – Comment vous êtes-vous préparée à quitter votre travail (« pratiquement » parlant) ?
Comme je le disais plus haut, j’ai suivi un certain nombre de formations qui m’intéressaient depuis mon retour en France en septembre dernier. Et je me suis aussi inscrite à un site anglo-saxon qui s’appelle Escape the City. Si je devais résumer, c’est une sorte de Monster… sauf qu’ils ne proposent que des jobs un peu atypiques, triés selon 4 critères principaux : Entrepreneuriat / Marques excitantes / Exotique / Impact Social.
C’est évidemment dans la rubrique “Exotic Location” que je me retrouvais à m’imaginer devenir directrice marketing d’un business à Bali ou développer une chaîne de radio en Ethiopie. Leur newsletter était pour moi une petite évasion hebdomadaire, une piqure de rappel qu’il y a plein de choses qui se passent partout dans le monde, qu’il suffit d’aller cueillir les opportunités (bien sûr, de nombreuses offres à l’étranger sont des propositions de volontariat, mais il y a aussi de vraies offres de boulot).
C’est vers ce site que je me suis naturellement tournée en avril, quand j’ai commencé à penser à un voyage au long cours avec l’optique de me professionnaliser sur des métiers plus créatifs. J’ai vu une annonce qui avait l’air faite pour moi : “School Club Zambia is looking for a Film-Maker” et ai répondu immédiatement à cette association anglo-saxonne qui travaille en Zambie de manière très entrepreneuriale autour des problématiques liées à l’éducation dans une zone rurale reculée. Le contact est passé immédiatement et même si je n’avais encore jamais filmé ou monté quoi que ce soit, la responsable de l’association a décidé de me choisir parmi les 50 candidats qui avaient postulé.
Ma mission était d’écrire, tourner et monter une vidéo de dix minutes environ qui mette en perspective les problématiques liées à l’éducation dans le pays & la région ainsi que la manière dont elles y répondent. Une très belle opportunité pour moi de mettre en pratique concrètement tout ce que j’avais appris de manière théorique dans mes formations, tout en vivant en immersion totale dans un pays peu connu pendant plusieurs semaines. C’était aussi pour moi une occasion de renouer avec l’Afrique noire (j’ai habité 6 ans au Nigeria quand j’étais petite).
Cette expérience a été extraordinaire, même si je me suis attaquée à un gros dossier pour un tout premier film. J’ai appris et compris tellement de choses en un temps record ! Je suis fière du film que j’ai réalisé et j’ai eu des échos vraiment encourageants de personnes dans mon entourage dont c’est la profession, qui m’ont tous dit que c’était un vrai travail de pro, même s’il y a plein de choses à améliorer encore évidemment. Par ailleurs, de nombreuses personnes m’écrivent pour me dire qu’ils adorent mon blog, que ça leur donne une soupape d’évasion et les inspire pour se poser des questions et envisager d’autres choses. Ca me procure un plaisir immense. Tout cela m’a permis de confirmer de manière très concrète que la voie dans laquelle je m’engage me correspond complètement.
Cette mission en Zambie m’a donc permis de donner l’impulsion du départ (au sens propre comme figuré).
Concrètement, puisque vous me posez la question, j’ai loué mon appartement pendant quelques mois et je m’organiserai à distance pour continuer à le louer aussi longtemps que je déciderai de rester en vadrouille (c’est là encore une des magies d’Internet). Pour le moment, je ne gagne pas d’argent mais je n’en perds pas non plus beaucoup, puisque je trouve des missions où je suis logée et / ou nourrie. Je considère ça comme une hypothèque sur l’avenir : je me forme et je crée un portfolio en faisant ce que j’aime, en vivant des moments formidables et en rencontrant des gens extra.
Après 6 semaines en Zambie, j’ai commencé à travailler au Malawi pour une agence de voyage pour laquelle j’ai sillonné le pays pour faire des vidéos des différentes destinations qu’ils proposent et faire découvrir ce pays merveilleux et peu connu.
Depuis quelques jours, je suis en Sulawesi où j’ai rejoint pour deux mois mes amis et leurs enfants en bateau, afin de remonter vers la Papouasie et les Philippines en passant par des chapelets d’îles reculées au Raja Ampat. J’aimerais en profiter pour faire un petit film sur ces familles qui décident de vivre leur vie autrement, en bateau en l’occurrence, car je trouve ça très inspirant.
Pour la suite, mon objectif est de revenir en Afrique début 2016, où j’ai déjà plusieurs opportunités de missions en Zambie, Malawi et Mozambique. Je suis entrain d’envoyer des mails pour préparer les prochains mois, il y a plein de possibilités déjà, elles sont toutes très différentes mais vraiment excitantes. Si je suis tout à fait honnête, j’ai l’impression d’avoir une petite étoile au-dessus de la tête depuis un an et demi… mais je ne suis pas non plus partisane de l’enthousiasme béat : je sais que c’est parce que je me fais confiance et parce que je remue le cocotier que les choses arrivent. En revanche ce qui me paraît certain, c’est qu’une fois qu’on est alignée avec soi-même et engagée sur la bonne voie, les choses s’enchaînent avec un naturel déconcertant.
En résumé : le plus difficile c’est de prendre la décision de partir. Une fois que c’est fait, tout se déroule beaucoup plus simplement que ce que l’on peut imaginer.
MADAME FIGARO – Avez-vous des inquiétudes, des peurs quant à votre avenir/retour professionnel?
Absolument aucune, pour tout dire je n’ai jamais été aussi sereine de ma vie. J’ai complètement confiance dans la voie que je suis entrain de suivre… et dans ma capacité de rebond.
Je sais que c’est une chance, car je pense que la question de la peur est un paramètre déterminant. C’est elle qui paralyse la plupart des gens et les empêche de faire « le pas de côté », aussi petit soit-il, même s’ils ont plein d’envies. On se trouve trop facilement des excuses pour reporter, ne pas faire ou pour dire « c’est génial ce que tu fais, j’adorerais, mais moi je ne peux pas ». J’ai d’ailleurs écrit un article à ce sujet sur mon blog : Do you want to be happy ?
MADAME FIGARO – Qu’est-ce que vous attendiez de ce voyage, une fois qu’il était concret/prêt à sa réalisation ?
Je suis vraiment partie pour vivre selon mon cœur et me professionnaliser dans d’autres domaines en trouvant des opportunités au gré de mes voyages. Bizarrement, je trouve ça beaucoup plus facile dans des pays étrangers que dans mon propre pays, où les gens vous laissent moins votre chance de faire de nouvelles choses, tester de nouveaux métiers, où ce que vous avez déjà fait conditionnera toujours ce qu’on vous imagine faire pour la suite.
Je suis partie pour commencer à tracer un nouveau chemin, moins classique que celui que j’ai suivi jusqu’ici, qui me fait vibrer. Et pour le moment, ça me remplit totalement et me fait vibrer encore plus que je ne l’aurais imaginé.
MADAME FIGARO – Qu’est-ce que ce voyage vous apporte concrètement, selon vous ?
Ce voyage m’apporte un épanouissement personnel et professionnel que je n’avais jamais ressenti jusqu’ici. Il me permet également de me sentir libre comme l’air. L’univers des possibles est infini. Il faut vraiment s’écouter, se faire confiance et oser en provoquant un peu le destin.
MADAME FIGARO – Enfin, cette année sabbatique est-elle un premier pas pour un changement radical de vie ? Ou bien une parenthèse avant un retour à la vie « normale » ?
Compte tenu de ce que j’ai écrit plus haut, j’imagine qu’il est assez clair qu’il est un premier pas pour un changement de vie ☺.
13 réponses
Rapha, ma belle, l’article est magnifique ! Je suis heureuse de te lire si sereine et epanouie, en train de construire ta voie. Profite ! De mon cote, je me regale a la lecture de ton blog -et me rejouis du souvenir de Kinnernet 2015,
Baisers, plein
Delphine
Merci tout plein ma Delph ! On peut peut-être essayer d’envisager un débriefing en live à Kinnernet 2016…. encore qu’il est loin d’être dit que je serai rentrée, hehehe.
Ma chère Raph,
tu sais résumer en une photo sublime tout l’article! J’adore cette photo, je veux que tu me l’envoies pour que je puisse l’imprimer!
Bon vent
Géraldine
Haha, merci Gégé. Je te rassure, cette photo date de l’an dernier après 4 mois en bateau et en Polynésie… pas la même histoire cette année infelizmente… plutôt l’envol du cachalot 🙂 Mais ça n’empêche pas la légèreté de l’esprit fort heureusement !
Hello ton parcours résumé et ta silhouette donnent un peu des complexes mais aussi plein d’énergies,à très vite
Je ne savais pas que tu avais des gènes de kangourou ! Enjoy c’est canon ce que tu fais et la chance sourit aux audacieux ! Biz
Les gènes de kangourou c’est plutôt lié aux talents du photographe (en l’occurence, Junior que tu connais bien :)). Merci pour tes encouragements mon Gogo
Bravo Raph! J’ai toujours su que:
– tu étais très attachée à Madame Figaro
– tu étais plus sexy en kangourou sautant ou lionne de mer qu’en combinaison polaire en Laponie
– tu étais faite pour cette vie d’aventurière plutot qu’une vie tranquille de cadre parisienne
et qu’il y a une certaine logique dans ton parcours:
– tu commences par faire usage de tes classes preparatoires litteraires pour ecrire ce blog
– puis tu va mettre a profit des années en ecole de commerce pour monetiser
Bref, Auré et moi lisons tous tes messages avec beaucoup de plaisir et d’admiration.
Merci Fred pour ton message et ravie de savoir que vous me suivez avec Auré. Pour rien au monde présentement je n’enfilerais notre combi polaire de traversée de la Laponie alors que je dégouline déjà à 8h du matin 🙂 Pour le reste, inch allah, on verra bien où tout ça me mènera !!!
Salut Raph, un très grand plaisir de te lire et de savoir que tu kiffes à fond ta vie d’aventurière!
Merci Delph, c’est vraiment cool de recevoir les encouragements des copains et de savoir que vous suivez les aventures avec intérêt !!!!
Tu pratiques parfaitement la médecine chinoise (qui est préventive) : lorsque quelque chose ou quelqu’un te bouffe la vie, il faut s’en éloigner ; lorsque quelque chose ou quelqu’un te réjouit, il faut côtoyer.
Ton entrain généreux ne fait pas du bien et du bon qu’à toi..
Besito
Jean-Paul
Petit clin d’œil : je vois qu’une coupe de monde de futebal, ça t’a suffit.
Coucou Jean-Pierre, trop contente de te compter désormais comme lecteur, je sens déjà tes bonnes ondes à distance !!! Un peu de chemin parcouru depuis mon stage chez Gallimard… cela dit, en y repensant, tout était déjà là en prépration : les voyages, les lettres, les loisirs et la jeunesse (de l’esprit… of course). Beiges