Baloo, le vrai king du Livre de la Jungle
J’ai vécu quatre ans au Nigéria quand j’étais petite. Nous avions en tout et pour tout quatre ou cinq cassettes VHS qui se battaient en duel pour tourner dans le magnétoscope antique, lorsque nous étions autorisées à regarder la télé.
L’une d’entre elles était Le Livre de la Jungle et évidemment, la chanson de Baloo faisait partie de mes moments préférés ! Voir ce gros ours se dandiner en se frottant le popotin sur les arbres avant d’avaler un plat de fourmis rouges me mettait toujours en joie.
Alors je ne résiste pas à l’idée de retomber en enfance aujourd’hui avec vous, en me délectant une fois encore de la danse de Baloo.
Baloo, grand philosophe du XXième siècle ?
Mais je ne réalisais probablement pas bien alors la portée de ses paroles… c’est seulement en les réécoutant récemment que j’ai réalisé à quel point elles étaient pleines de sagesse. Et allaient dans le sens de divers enseignements de ma part ces dernières années.
« Il en faut peu pour être heureux,
Vraiment très peu pour être heureux
Il faut se satisfaire du nécessaire
Un peu d’eau fraîche et de verdure
Que nous prodigue la nature
Quelques rayons de miel et de soleil “
Et de reprendre :
“Il en faut peu pour être heureux
Vraiment très peu pour être heureux
Chassez de votre esprit tous vos soucis
Prenez la vie du bon côté
Riez, sautez, dansez, chantez
Et vous serez un ours très bien léché !”
Explication de texte, s’il vous plaît
Je trouve ça assez décalé et amusant de faire une explication de texte sur un titre de Disney… mais finalement, cela nous vient de Rudyard Kipling si l’on y regarde de plus près, donc c’est un peu comme de la littérature 🙂
Je retiens donc plusieurs grands messages de notre ami Baloo :
- Moins, c’est plus I Less is more
- L’importance de la connexion à la nature
- Tourner volontairement notre esprit vers ce qui est positif
- L’importance du mouvement et de la connexion à notre corps (plutôt que de rester coincés dans notre tête)
Je réalise au quotidien en vivant dans la savane africaine l’importance de la connexion à la nature.
J’ai déjà parlé de l’importance de tourner volontairement notre esprit vers le positif, notamment via la pratique quotidienne de la gratitude. Donc je ne vais pas me répéter.
Et je suis entrain de faire un gros travail pour connecter aussi souvent que possible avec mon corps (et mes intuitions) afin de déconnecter de ma tête (et de la raison). Plus sur ce sujet un autre jour probablement.
Less is more
Du coup, ce qui me donne envie d’écrire aujourd’hui c’est l’idée de “LESS IS MORE” !!! Notamment parce que les images de Black Friday aux États-Unis dans ce trailer du documentaire Minimalism m’ont fait froid dans le dos.
Je trouve confondant et profondément attristant de voir des gens littéralement se battre pour acheter des choses, dont ils n’ont en outre probablement aucun besoin.
Soyons clairs : je suis loin d’être une activiste en matière de minimalisme et n’ai vraiment aucune intention d’être ici moralisatrice. Je suis à peu près au degré zéro de l’objectif zéro déchet chez moi, je suis une MÉGA burne quand il s’agit de trier et se séparer de choses qui m’encombrent, mes valises quand je vole entre la France et l’Afrique font plus penser à un exode qu’à un voyage et j’ai probablement dans ma trousse à pharmacie assez de médicaments pour soigner tout notre village pendant un mois….
Mais cette phrase du documentaire sus-mentionné me semble placer la réflexion à un niveau extrêmement juste :
“Minimalists don’t focus on having less, less, less; rather, we focus on making room for more: more time, more passion, more experiences, more growth, more contribution, more contentment. More freedom. Clearing the clutter from life’s path helps us make that room.
Minimalism is the thing that gets us past the things so we can make room for life’s important things — which actually aren’t things at all.”
From The Minimalists — “About the Minimalists”
Minimalisme et dépollution mentale
Un des plus gros enseignements de mes premières années en Afrique est que le simple fait d’avoir accès à tellement moins m’a littéralement dépollué l’esprit et simplifié la vie. J’ai vraiment vécu et compris ce que désencombrement mental signifie.
Dans mon premier billet suivant mon arrivée à South Luangwa, je vous avais décrit mon quotidien de manière pratique et notamment ma première expérience de courses au magasin local Mayana. Pensant que j’allais au Monop’, j’étais arrivée avec une liste longue comme le bras que j’avais immédiatement remisée dans ma poche en arrivant, pouffant de ma sottise.
L’autre seule option pour s’approvisionner est de remplir un fichier excel et d’attendre que le camion bi-mensuel arrive de la capitale avec ce que vous avez commandé (…ou pas). Certes cela nécessite un peu d’organisation, de planification et de capacité d’adaptation, mais vous ne pouvez pas savoir comme ma vie me paraît incroyablement simplifiée.
À l’inverse, je me sens suffoquée aujourd’hui et totalement déboussolée quand j’arrive dans un magasin avec des linéaires remplis à n’en plus finir. Je finis généralement par tourner les talons ou acheter le strict minimum de basiques.
Et je ne parle même pas des vertus de la dépollution visuelle à avoir moins de choses chez soi. Le désencombrement physique fait tellement de bien aux yeux et calme l’esprit, permet de se concentrer mieux.
Tant et plus
Mon point est le suivant : comme vous tous, j’ai plein de choses, encore bien trop de choses. Mais, aidée par les circonstances de mon quotidien, je fais de plus en plus souvent un effort conscient pour ne pas les accumuler et réalise à quel point ceci est bénéfique.
Je deviens de plus en plus sélective sur la manière dont je remplis ma vie, qu’il s’agisse de choses matérielles ou de personnes. Je n’ai jamais été une grande matérialiste, mais je trouve de moins en moins de valeur dans les choses. Et en trouve de plus en plus dans les expériences, les relations, apprendre, observer, faire, grandir…
Désencombrer : une affaire de coeur ?
Nous avons tous nos désirs et nos centres d’intérêts, ils peuvent être matériels, intellectuels ou expérimentaux. Quels qu’ils soient, je crois profondément qu’ils doivent contribuer à créer en nous un sentiment d’accomplissement qui n’est pas fugace. Ce qui signifie qu’ils doivent être en accord avec nos valeurs et nos croyances.
Quand des choses deviennent des substituts à court terme à d’autres choses dans notre vie qui pourraient nous apporter un bien-être à long terme, je me dis que nous devrions être assez raisonnables pour tirer la sonnette d’alarme et se dire que quelque chose ne tourne pas rond.
Joshua Becker (qui a écrit 4 livres sur le minimalisme) touche un point qui me semble important dans la definition qu’il en donne… le désencombrement est beaucoup plus une affaire INTERNE qu’EXTERNE. Et c’est une affaire de coeur.
“I have learned minimalism is always a matter of the heart. After the external clutter has been removed, minimalism has the space to address the deepest heart issues that impact our relationships and life.”
Joshua Bekker
Bref, un bon moyen de simplifier nos vies est de changer notre façon de penser et de modifier notre relation avec nos biens… Aussi simple et compliqué que ça !
Less is more, OK, mais que gagne t’on concrètement à désencombrer nos vies, nos esprits, nos relations, nos maisons ? Plus d’espace pour respirer et se concentrer, mais aussi certainement plus d’espace pour vivre notre vie plus librement… à bon entendeur, salut !
Sur ce, je vous souhaite une Wanderfull semaine pleine de plumeaux et de boîtes de rangement.
Raphaelle