Comment vas-tu ? La question à mille balles pour débuter dans la Communication Non Violente
Comment te sens-tu ?
Cette question peut paraître tellement banale !
Moi la première, j’avais tendance à ne pas y prêter grande attention.
D’abord parce qu’on la prononce bien souvent mécaniquement, sans se soucier réellement de la réponse (côté émetteur).
Ensuite parce qu’on envisage rarement d’y répondre en toute honnêteté (côté receveur)…
(Franchement, qui dans la vraie vie aurait 20 minutes à nous accorder pour nous écouter VRAIMENT chaque jour ?)
Fort heureusement pour moi, je viens de passer une semaine en merveilleuse compagnie à la remettre au centre de ma vie.
Je t’explique !
J’ai quitté ma brousse pour une semaine de formation à la Communication Non Violente (CNV) dans les Ardennes avec 30 girafon.ne.s en puissance.
(et oui ça ne s’invente pas, la 🦒 est l’animal totem de la CNV).
Une semaine avec Thomas d’Ansembourg qui nous l’a posée au moins 3 fois par jour.
Ou plutôt : nous a invité à SE la poser 3 fois par jour, en prenant le temps d’écouter vraiment la réponse en nous.
Je te le donne en mille : j’ai compris à quel point cette question est TOUT SAUF ordinaire. Elle est CARRÉMENT centrale.
C’est une clé d’entrée vers notre intériorité.
Et ça devrait franchement nous inquiéter quand on arrête de se la poser à nous-même.
(Je suis d’ailleurs repartie en me disant qu’elle était une magnifique illustration de “Oser l’extra dans l’ordinaire”, la baseline de Wanderfull 💪)
La Communication Non Violente (CNV), c’est quoi ?
Il existe plusieurs définitions de la Communication Non-Violente ou CNV.
Mais le Dr Marshall Rosenberg – le psychologue américain qui en a élaboré les principes dans les 60s – la qualifie de « combinaison d’un langage, d’une façon de penser, et d’un savoir-faire en communication. »
L’objectif de cette méthodologie est de se détacher de son « conditionnement culturel », de développer son empathie, de rétablir le lien qui existe avec soi-même et avec les autres, de communiquer et de donner à partir du cœur.
Ancien avocat, belge de naissance, Thomas d’Ansembourg en est le porte parole francophone le plus connu.
La communication non violente repose sur 4 principes d’action :
- Observer sans évaluer.
- Identifier et exprimer ses besoins et ses sentiments.
- Faire une demande avec sincérité.
- Recevoir avec empathie.
Sur le papier, ça n’a pas l’air bien compliqué.
Dans la réalité, c’est une toute autre histoire tu t’en doutes 🙂
Mes principales leçons de ma formation aux bases de la Communication Non Violente (CNV)
Loin de moi l’idée de prétendre t’apprendre la CNV en un article de blog ou de rentrer dans tous les détails de mes illuminations (puisque c’est vraiment une expérience à vivre).
Toutefois j’ai envie de tirer quelques conclusions à chaud que je ne veux pas oublier. Qui te seront peut-être utiles aussi, ne serait-ce que pour te donner envie d’aller avec curiosité plonger dans la marmite de cet outil incroyable à la portée de chacun.
C’est dingue à quel point je suis coupée de mon corps !!!
A quel moment me suis-je autant coupée de mes ressentis ?
💰 Aucune idée mais le constat est celui-ci : femme-tête je suis. Un peu comme si je me baladais perchée sur une mine d’or à laquelle je n’ai pas du tout accès en temps normal… ou en tout cas si peu.
❤️ Il m’a fallu au moins 3 jours pour être capable de ressentir physiquement ne serait-ce que la pulsation de mon coeur dans ma poitrine. Et davantage encore pour (re)connecter avec tout ce qui se passait à l’intérieur de mon enveloppe corporelle.
Espace, nature et silence: un luxe ultime et nécessaire !
Sans surprise, ça demande un véritable effort de s’extraire du brouhaha extérieur et intérieur (celui de nos pensées), mais ça en vaut tellement la peine.
Sans ça, on revient au point 1 ci-dessus : une tête coupée des trésors de son intériorité.
Et moi qui me disait bêtement qu’en terme d’espace, j’étais plutôt “pas mal” puisque :
🦒 j’habite dans la savane où je n’abuse pas en disant qu’il n’y a pas moultes distractions / sollicitations / bruits, que rien ne va vite (surtout pas les girafes, l’animal totem de la CNV)
🔌 et déjà bien consciente de la problématique du “trop”, j’essaye de créer des moments de “rien” chaque journée…
👁️ Et bien à toi je peux le dire franchement : je me fourrais le doigt dans l’oeil 🙂
Ça n’a pas été un luxe d’avoir comme guides Thomas, son assistante Fanny et nos deux “papillons” Aude et Mathilde pour comprendre dans ma chair et repartir avec un enseignement de taille pour moi :
😤 Pas besoin de vivre dans la frustration et d’en “vouloir” à mon mari et mes enfants d’occuper si bruyamment au quotidien mon espace physique et énergétique.
👋 Je peux me faire confiance pour cultiver tout l’espace et le silence dont j’ai besoin à l’intérieur… peu importe les circonstances extérieures.
(Je relis cette phrase en me disant que ça te paraît probablement d’une bêtise enfantine, mais pour moi ça a été un pivot MAJEUR… comme quoi les épiphanies n’ont pas besoin d’être de taille à titre collectif pour être énormes à titre individuel… donc si ça résonne pour toi aussi tant mieux, c’est cadeau).
🤐 Et puis nous avons expérimenté pendant une semaine une autre forme de silence incroyablement riche et inhabituel : celui de l’écoute empathique.
Kézako ? Fermer ta bouche pour réellement écouter l’autre, sans l’interrompre à tout bout de champ pour le juger (ou le réconforter), lui donner des conseils (ou lui faire part d’expériences personnelles).
Sans même reprendre la parole quand il a finit, pour permettre à sa pensée de continuer de se construire dans un silence respectueux.
Conclusion ? 15 minutes à se la boucler, c’est diablement loooong.
Mais j’ai appris et compris tellement de choses en vivant ces exercices, du côté de celui qui parle comme de celui qui écoute en silence.
La richesse de mon langage interne…
Car il s’en passe des choses là-dedans, pour peu que je me donne la peine d’écouter.
Et la moindre anecdote “bénigne” est un puits sans fond d’informations quand on prend le temps de dérouler les ficelles de ce qui se joue à l’intérieur dans chacune de ces situations.
… n’a d’égal que la pauvreté de mon langage émotionnel
J’ai beau avoir fait des études littéraires et me targuer de vaguement écrire, j’étais consternée de constater à quel point je suis à sec quand il s’agit de retranscrire ce qui se passe à l’intérieur.
Or c’est bien ce dont il s’agit avec la CNV : **mettre **peu à peu davantage de conscience dans nos situations du quotidien – des plus anecdotiques aux plus significatives – pour faire la part entre le réel et l’imaginaire (les jugements, les croyances, les injonctions qu’on fait nôtres…) et retranscrire nos sentiments et besoins “en mots qui sont des fenêtres” et non des murs, comme le formule si justement Marshall Rosenberg – le “papa” de la CNV – dans son ouvrage Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs).
Concrètement, plusieurs fois par jour nous avons fait des exercices où il s’agissait de décrypter une situation personnelle selon le protocole OSBD : Observation – Sentiments – Besoins – Demande.
C’est simple !
Sur les parties Sentiments / Besoins, j’avais l’impression de découvrir une langue étrangère en compulsant nerveusement le petit fascicule listant les sentiments agréables / désagréables et les besoins qui leur sont associés.
Les mots “colère” et “frustration” avaient tendance à monopoliser mon champ lexical (côté sentiments) et ceux de “liberté” et “espace” (côté besoins), jusqu’à ce que je découvre cette semaine qu’il y avait une foultitude de nuances que j’avais totalement mises de côté.
Et surtout : une palanquée de besoins associés très mal identifiés jusqu’ici.
Un peu comme si j’étais restée à la surface alors qu’avec un bon guide de spéléologie (Thomas d’Ansembourg en l’occurence), je suis partie découvrir les innombrables boyaux et autres stalactites, stalagmites et cavernes qui m’habitent.
Autant te dire que tu fais des découvertes stupéfiantes quand tu portes ta lampe torche en bandoulière sur le coeur 🙂
En sortant du “tu qui tues”, je passe du “je” au “nous”
Thomas d’Ansembourg appelle sa démarche l’Intériorité Citoyenne, partant du principe qu’un Moi apaisé et libre permet de construire un Nous harmonieux.
Tu auras d’ailleurs peut-être noter que je parle au “je” au lieu de faire des généralisations au “on”… encore une grosse prise de conscience de cette semaine CNV : notre capacité à passer à la 3e personne.
En faisant cela, non seulement nous ne prenons pas la responsabilité de ce que nous ressentons mais en plus cela renforce notre croyance que tout le monde pense / fait / ressent comme nous ce qui est évidemment un jugement et ne reflète donc absolument pas la réalité.
”Ce qui m’a servi m’asservit”
Moi qui adore la citation d’Albert Einstein “ La folie c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent”, j’ai adoré cette punchline !
Si on fait ce que l’on a toujours fait, on obtient ce que l’on a toujours obtenu. Il faut donc faire autrement, « pivoter ».
On n’a pas dit que c’était facile évidemment, car il est fréquent de préférer une souffrance connue à un changement inconnu.
Thomas d’Ansembourg parle de 5 mécanismes auto-bloquants qui nous empêchent de changer et de migrer vers une vie intérieure plus féconde :
- La culture du malheur.
- La culture du rapport de force.
- La culture de la méfiance par rapport aux choses et aux gens.
- La culture de la division (via la pensée binaire vs la pensée complexe).
- La lutte contre le temps (« Nous préférons faire plutôt qu’être »)
Depuis ma savane : adopter la “position girafe”
Je repars avec la curiosité de me poser à chaque instant les questions suivantes :
- est-ce qu’il y a un jugement (sur moi / les autres) ?
- est-ce qu’il y a un jugement (sur moi / les autres) ?
- est-ce qu’il y a une injonction type il faut, on doit, on n’a pas le choix (pour moi / les autres) ?
- est-ce qu’il y a une pensée binaire ?
Derrière mes masques, redonner du crédit à la joie !
Selon Thomas, la joie est le carburant, “c’est la joie qui fait sens et le sens qui fait joie”. Car quand il y a joie, on touche aux besoins fondamentaux et cela signifie qu’ils sont nourris.
Comme un scientifique, je vais scruter au microscope cette émotion pour ré-aimanter ma boussole interne et me donner à chaque instant la direction.
Et donc de puiser l’information à l’intérieur permettant d’aimanter la boussole, en identifiant ce vers quoi se diriger / de quoi s’éloigner davantage chaque jour.
Maintenant que je me sens plus à l’écoute de mon intériorité et des mille et un soubresauts qui s’y passent chaque jour, il me paraît plus facile d’entendre les battements de mon coeur qui signalent la joie.
Je pourrais encore continuer des pages et des pages, mais le plus simple c’est que je laisse la parole à Thomas, par exemple lors de cette conférence en entreprise sur le sujet “Cessez d’être gentils soyez vrais” :
Pour aller plus loin
Plus d’infos et de ressources sur le site de Thomas d’Ansembourg ou celui d’Intériorité et Changements qui s’occupe notamment d’organiser le stage auquel j’ai eu la chance de participer dans des conditions exceptionnelles, chez Thomas lui-même.
Ses ouvrages de référence sont :
- Cessez d’être gentils, soyez vrais (vendu à plus d’un million d’exemplaire) qui nous rappelle entre autres les vertus de la colère et de savoir dire non.
- Être heureux, ce n’est pas nécessairement confortable dans lequel il rappelle qu’être heureux implique de faire des choix, qui viennent parfois (souvent ?) avec leur lots d’inconforts.
- Du Je au Nous
- Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?
Si tu :
- te reconnais dans le concept de “gentille personne morte”
- te prends souvent à parler en “il faut”, “je dois”, “je n’ai pas le choix”
- ou encore à user et abuser de “toujours” et “jamais” quand tu fais des reproches à quelqu’un ou des scénarios dans ta tête
… je ne peux que te souhaiter de tomber dans la marmite CNV.
Je me doutais que c’était un beau cadeau que je me faisais d’aller à cette semaine de stage – ainsi qu’à tous ceux avec qui je suis en lien – mais n’avais aucune idée de la “claque” que j’allais y prendre (dans le bon sens du terme, je te rassure).
Je me sens incroyablement chanceuse d’avoir fait partie de cette cohorte de 30 jeunes pousses en puissance, enseignée par le maître francophone de la CNV, Thomas d’Ansembourg himself (merci Intériorité & Changement et notamment Aude et Mathilde nos deux “papillons” et Fanny l’assistante de Thomas 100% magique).
Et surtout en gratitude de vivre à une époque où de telles ressources – et personnes – existent.